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    L-F EntrepriseBusiness

     

    Créer son propre emploi, financer sa propre affaire, être son propre chef... Rares sont les chômeurs qui n'ont pas un jour rêvé d'ouvrir leur propre entreprise. Quelque 25 % des chômeurs déclarent avoir un projet précis pour créer une entreprise - contre 12,5 % des Français. Mais ouvrir "sa boîte" n'est pas sans obstacles : entre le financement du projet, les formalités à remplir, la gestion des comptes...

    "Créer son entreprise, c'est la liberté"

    Ariane Boucher est restée au chômage pendant quatre ans, avant d'ouvrir sa crèche privée "Le Jardin de Zebulon", à la frontière franco-suisse. Aujourd'hui, elle ne regrette pas son choix.

    J'ai ouvert ma crèche bilingue, en octobre 2008. Aujourd'hui, je gère 22 enfants avec cinq autres personnes, toutes diplômées dans le domaine de la petite enfance. Certes, je gagne moins qu'à l'époque où j'étais salariée, mais je suis chez moi, c'est mon entreprise.


    J'ai décidé de me lancer quand j'ai accouché de mon petit garçon. J'avais trouvé les moyens de garde dépassés, les infrastructures vieillotes. Je me suis donc penchée sur la création d'entreprise. J'avais été licenciée en 2004 et je ne voulais pas redevenir salariée. J'ai donc travaillé pendant deux ans sur le concept, afin de préparer le projet. 

    C'est très difficile de créer son entreprise, surtout une crèche car elle est soumise à des lois, des normes d'hygiène et de sécurité très strictes. Il fallait aussi trouver un filon porteur. Comme j'ai travaillé dans le luxe toute ma vie - j'étais attachée de direction dans un hôtel cinq étoiles-, je me suis dit que ça allait être ma marque de fabrique. J'ai donc décidé d'ouvrir une crèche bilingue.

    Si j'ai réussi, c'est parce que j'avais un bon "business plan" - je suis titulaire d'un BAC+4 en gestion des entreprises. Je savais que j'implantais ma crèche dans une région qui s'y prête. Beaucoup d'étrangers vivent ici, à la frontière franco-suisse, car ils travaillent pour des organisations internationales. Je veux permettre aux enfants anglophones de s'adapter en douceur à leur nouveau monde, tout en leur apprenant le français. Et puis, les enfants français peuvent aussi apprendre l'anglais.

    Je n'ai pas bénéficié de subventions, car ma crèche est privée. Je me suis donc débrouillée avec les banquiers ainsi que mon apport personnel pour me lancer. Heureusement que mon mari était là pour m'aider.

    Certaines personnes m'appellent car elles veulent entreprendre le même projet, mais beaucoup ont abandonné. J'ai été très tenace pour me lancer. C'est un parcours du combattant. Un jour, on vous dit "oui" pour le prêt, l'autre jour c'est "non", après c'est "peut-être"... Il faut s'accrocher et contourner les problèmes. Mais ce n'est pas de tout repos.

    Au final, je suis très contente de mon choix de vie. Je vais chercher mon fils à l'école, je peux aller manger avec une copine. Je n'ai plus besoin de demander la permission quand je veux faire quelque chose. C'est ça le bonheur aujourd'hui : la liberté !"
    Portrait de Ariane Boucher

    Ariane Boucher

    • France
    • Directrice de crèche

    "On ne fait rien pour vous aider à vous en sortir"

    À 57 ans, Sergio Isgro ne pensait pas se retrouver au chômage. Il a donc décidé de créer son entreprise, en juillet dernier, pour devenir agent commercial. Depuis, il doit gérer les factures.

    Depuis que je me suis inscrit au registre du commerce, j'ai l'impression de passer mon temps à payer des factures. Il y a beaucoup de contraintes administratives : entre la chambre de commerce, l'URSSAF, les impôts... Aujourd’hui, j’ai l’impression de travailler pour les rémunérer. Je suis très en colère contre le système administratif. Ils disent 'nous sommes là pour vous aider', mais on est surtout là pour les payer!


    Certes, j’ai bénéficié de quelques aides de l’État. Mais en tant que cadre commercial, je suis payé à la com’ - de 7 à 10 % selon les produits. Tout le reste est à ta charge, notamment les déplacements, l'essence, l’hôtel. Au final, chaque mois je touche 1 700€ pour payer 1 400€ de charges. Je vous laisse faire le calcul…  Je pense que créer son entreprise, c’est de la poudre aux yeux !

    Pour ma part, comme je suis chômeur, je ne dois pas travailler plus de 79 heures chaque mois pour continuer de percevoir le chômage. Et pourtant, depuis que je suis au chômage, presque un an, je n’ai jamais eu de rendez-vous avec le Pôle emploi.

    J’essaie de redresser mon entreprise, mais je ne trouve qu’on ne fait rien pour vous aider à vous en sortir.  Pour l'instant, je commence à mieux respirer, mais d’ici trois à quatre mois, les charges vont de nouveau tomber... Pourtant, je suis dynamique, j'ai 40 ans d'expérience dans mon domaine ! Je comprends qu’une grande majorité des jeunes entreprises disparaissent au bout d’un an.

    Je conseillerais aux jeunes chômeurs qui veulent se lancer de chercher des conseils auprès d'entrepreneurs ayant déjà de l’expérience - mais pas à la chambre de commerce régionale. C’est un engrenage, une fois que vous avez mis le doigt dedans, vous ne faîtes que payer..."

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